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  • ludoviclesven9

Quelque part dans l'océan Indien...


Lundi 6 décembre – La météo est au beau fixe, la mer est encore calme. Avec des températures proches des 30°C, la traversée est toujours très agréable. Chacun de nous profite de cette quiétude pour admirer, contempler le vaste océan qui s’offre à nous. Notre regard se porte sur le vol d’oiseaux errant à l’interface eau-atmosphère (pétrels, albatros...), peut être à la recherche de nourriture marine, peut-être perdus dans cette espace bleu infini, peut-être et surtout pour une raison que j’ignore (;-) !! Les ornithologues sont toujours présents sur le pont, jumelles ou téléobjectif à la main, prêt à dégainer le nom, l’espèce, le genre ou la rafale de photos ! C’est toujours instructif de passer du temps avec eux, ne serait-ce que pour accroitre notre faible « culture aviaire ». Au loin aussi, nous avons pu apercevoir les jets de cachalots mais bien trop éloignés pour être appréciés à leur juste valeur. Nous en reverrons bien plus proche du bateau dans quelques jours, parole d’anciens des îles australes et des habitués de ces rotations du Marion Dufresne !



Aujourd’hui, les médecins à bord (les futurs bib des districts et les ceux du Marion Dufresne) nous ont dispensé une formation obligatoire aux premiers secours, indispensable dans des milieux isolés tels que Kerguelen. La base de Port-aux-Français est relativement bien équipée avec notamment un hôpital (SamuKer) où une bonne partie du matériel médical, indispensable, est présent. Toutefois, le manque d’appareils d’imagerie, le personnel médical très restreint (2) et l’éloignement des potentiels accidents imposent que toute personne présente sur ces terres australes sache comment réagir face à une situation périlleuse. Après la partie théorique et le rappel du « Protéger/Alerter/Secourir », de la PLS et autres, nous nous sommes rendus sur la DZ pour pratiquer. Ainsi, au milieu de l’océan, nous nous sommes affairés à réanimer un mannequin sans jambe d’abord en pratiquant un massage cardiaque puis en nous aidant d’un défibrillateur… S’en est suivi la pratique de la PLS, du traitement des saignements (compression, garrot…), de l’immobilisation de la nuque, du dos avec des ceintures dont j’ai oublié le nom. Nombreux sont les exemples d’accidents sur les terres australes que les médecins ont pu nous donner. A chaque fois, l’éloignement rendait le sauvetage périlleux. A Kerguelen, nous serons la plupart du temps à trois avec mes collègues (Eric et Emily). Même si les risques sont en apparence minimes, il n’en reste pas moins qu’il faudra faire attention au froid, à la fatigue qui pourraient être source d’hypothermie, de fractures, d’épuisement, de chutes en tout genre. Toutes les cabanes sont équipées d’une trousse à pharmacie et aux premiers secours, très bien fournie. Nous sommes également toujours en lien radio (talkie-walkie) ce qui, le cas échéant, permet d’être en contact direct avec le médecin de la base !



En ce moment, nous préparons notre logistique de campagne sur le terrain avec les collègues. Sur la carte des Kerguelen, nous disposons les futurs points d’échantillonnage par paquet à l’est, à l’ouest, au nord, au sud, sur le plateau central… Nous nous rendrons sur certaines zones en bateau pour cartographier une zone trop éloignée de la base. Dans les autres cas, nous partirons de la base de Port-aux-Français pour 5 à 7 jours, sac à dos rempli de matériel sur le dos avec pour point de chute les fameuses cabanes (refuges aux Kerguelen). Il est très difficile d’estimer les temps de marche entre 2 points puisque de multiples paramètres peuvent affecter plus ou moins fortement les traversées. Ainsi, nos capacités physiques (les miennes et celles de mes collègues), le chemin que nous allons prendre et surtout les conditions météo sont des facteurs qui pourraient doubler voire tripler un temps de parcours moyen. Sur le bateau, nous avons l’occasion de discuter avec des collègues qui ont réalisé les mêmes treks que nous (pas forcement dans le même sens). Leurs conseils sont précieux ! L’heure n’est pas au défi mais à un comportement humble vis-à-vis de la nature et de ses capacités physiques. Le vent peut souffler parfois à 150-200 km/h, la marche lestée d’un sac à dos de 20 kg devient alors très périlleuse ! Il faut parfois se coucher au sol pour résister aux vents. Je le découvrirai peut-être très prochainement. Dans la journée, nous commençons également à entrer les « Waypoints » dans les 2 GPS que nous aurons avec nous. L’idée est de marcher en direction de ces points en passant par les routes les plus adaptées (essayer d’éviter de traverser des rivières, des marécages…) et les moins longues ! La première étape sera un trek de 4 jours dans la zone de Port Jeanne d’Arc.



18h30, un appel au micro nous informe du début du pot du commandant ! Après un petit discours et la présentation du personnel naviguant, nous trinquons à cette traversée. Les discussions de voyages, d’expériences de terrain et de vie sont riches. Il est 23h lorsque je me couche sur ma bannette, nous sommes au sud est de Madagascar à 2500 kms de Crozet.


Vocabulaire IPEV/TAAF (Institut Paul Emile Victor ou Polaire Français/Terres Australes et Antarctique Françaises) Bib : médecin à Kerguelen SamuKer : petit hôpital de Kerguelen DZ : Drop Zone, là où l'hélicoptère décolle sur le Marion Dufresne Port-Aux-Français : "capitale" des Kerguelen (et la seule "ville"!)



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